Alertes Cyberaide.ca : Cyberaide.ca reçoit de plus en plus de signalements d’enfants exposés à des violences sexuelles sur Omegle
Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) veut attirer l’attention des parents sur l’augmentation des signalements concernant Omegle, un site Web de vidéobavardage et de clavardage où les interlocuteurs sont connectés aléatoirement.
Le slogan d’Omegle – « Talk to strangers » – est sans équivoque : les internautes visitent ce site pour parler à des inconnus.
Deux cases à cocher sont tout ce qui sépare les ados d’une myriade de clavardoirs remplis d’inconnus qui se croient apparemment tout permis. Une case demande à l’utilisateur de confirmer qu’il est âgé de 18 ans ou plus, et l’autre, qu’il a lu les conditions générales d’utilisation, la politique de confidentialité et les règles de la communauté d’Omegle et qu’il y consent. Dans un cas comme dans l’autre, rien n’empêche une personne de moins de 18 ans d’accéder au site; il suffit de cocher les deux cases.
Ce site réunit aléatoirement des utilisateurs anonymes en tête à tête dans des clavardoirs, sans qu’ils aient à s’identifier. Les communications se font par clavier interposé ou par vidéobavardage.
Durant la période de 12 mois prenant fin le 30 juin 2023, Cyberaide.ca – la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet – a reçu un signalement concernant Omegle tous les deux jours en moyenne1. Les signalements ont augmenté de 122 % par rapport à 2021-20222 et de 397 % par rapport à 2018-20193.
Sur les quelque 180 signalements reçus, au moins 120 contenaient des informations à propos d’un individu qui aurait communiqué avec un enfant à des fins sexuelles par l’entremise d’Omegle. Les autres signalements concernaient des individus qui auraient partagé des images d’abus pédosexuels par l’entremise de cette plateforme.
Plusieurs signalements transmis à Cyberaide.ca contenaient des informations selon lesquelles des utilisateurs d’Omegle ont demandé à des ados et obtenu de leur part des informations pour les contacter en dehors d’Omegle (p. ex. nom d’utilisateur sur les médias sociaux, numéro de téléphone, etc.). L’analyse de ces informations et d’autres signalements transmis à Cyberaide.ca porte à croire que ces utilisateurs entrent en contact avec des ados sur Omegle, puis déplacent la communication vers une autre plateforme.
Les dangers que tout parent devrait connaître.
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Processus de signalement
Les utilisateurs ont la possibilité de signaler toute forme de cyberviolence sexuelle à leur endroit, mais la marche à suivre n’est pas évidente. Les analystes du CCPE n’ont trouvé aucun bouton permettant de faire un signalement à Omegle dans le contexte d’une séance de clavardage ou de vidéobavardage ni dans le contexte d’une séance de vidéobavardage non modérée.
Les utilisateurs doivent d’abord se rendre sur la page d’accueil du site et consulter les règles de la communauté (Community Guidelines, en anglais seulement). Au quatrième paragraphe, les utilisateurs sont invités à envoyer un courriel intitulé « Omegle-Safety » à safety@omegle.com pour signaler la situation. Dans la phrase suivante, Omegle précise qu’elle se décharge de la responsabilité de faire respecter ces règles, mais que les signalements de violations lui sont utiles. Cela porte à penser qu’un signalement ne débouchera pas nécessairement sur une action.
Cela dit, Omegle affirme néanmoins que les utilisateurs qui ont des comportements inappropriés ou problématiques seront bannis temporairement ou définitivement. Les analystes du CCPE n’ont rien trouvé sur le site d’Omegle concernant la procédure qui mènerait au bannissement d’un utilisateur.
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Absence de vérification d’âge
Il y a neuf mois, Omegle a fixé à 18 ans l’âge minimum pour utiliser son site4, mais les ados n’ont simplement qu’à cliquer sur trois boutons et à prétendre être âgés de plus de 18 ans pour y accéder.
À la différence des applications distribuées dans les magasins d’applications mobiles, dont le téléchargement est parfois assujetti à des restrictions d’âge, Omegle est un site accessible sans restriction à partir de tout appareil doté d’un navigateur Web.
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Exposition à des contenus nocifs
Omegle indique que les vidéos sont surveillées, sans toutefois préciser la nature de ce qui est surveillé, ni la façon dont cette surveillance est exercée, ni le processus de modération. Les utilisateurs ont la possibilité d’entrer dans une section non modérée après avoir coché une case accompagnée d’une mise en garde à cet effet.
Dans la section surveillée comme dans la section non modérée, l’utilisateur peut être exposé à des contenus à caractère sexuel. Par exemple, Omegle affiche des publicités pour des sites pornographiques, des « cam sites5 » et d’autres services sexuels.
De plus, des liens vers de la pornographie adulte sont parfois transmis par des inconnus dans des séances de clavardage ou de vidéobavardage. Pendant leur visite sur la plateforme Omegle, les analystes du CCPE se sont fait transmettre des liens vers des sites pour adultes durant des séances de clavardage, présenter une image publicitaire d’un site pornographique durant une séance de vidéobavardage et inviter à « poursuivre la conversation » sur d’autres plateformes.
Les analystes du CCPE ont également constaté que, dans les sections « surveillées » consacrées au clavardage et au vidéobavardage, les utilisateurs peuvent quand même être exposés à des contenus à caractère sexuel, notamment sous la forme de questions d’ordre sexuel, de liens menant à des scènes d’actes sexuels (masturbation, etc.) et d’invitations à se livrer à des actes sexuels.
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Utilisateurs en quête d’ados
Les utilisateurs d’Omegle, comme ceux de beaucoup d’autres plateformes de médias sociaux et de services de diffusion en continu, ont la possibilité de manipuler des ados et de les amener à leur transmettre des renseignements personnels ainsi que des photos et des vidéos intimes. Ces images peuvent être capturées ou enregistrées à l’écran et être utilisées pour sextorquer les ados qui les envoient6.
Il est possible de réduire les risques. Voici comment :
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Bloquez le site sur les appareils que vos enfants utilisent.
- Omegle n’est pas un site destiné aux enfants et aucun contrôle parental ne vous permettra de rendre ce site sûr pour votre enfant. Vous pouvez bloquer ce site complètement. Les réglages diffèrent d’un navigateur à l’autre, mais la marche à suivre est expliquée ici.
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Expliquez à vos enfants les dangers qui les guettent sur Internet :
- Expliquez-leur qu’Omegle impose un âge minimum de 18 ans et n’a pas de mécanismes de sécurité pour préserver les jeunes des contenus sexuels ou violents.
- Parlez avec vos enfants des dangers du vidéobavardage, et notamment du fait que n’importe qui pourrait prendre des captures d’écrans ou de séquences vidéo d’eux à leur insu. Pour des amorces de conversation sur les conversations en ligne, consultez la page du site ParentsCyberAvertis.caMC consacrée aux risques.
- Encouragez vos enfants à vous parler des situations bizarres ou désagréables qu’ils rencontrent sur Internet. Insistez sur le fait que même s’ils pensent avoir commis une erreur, ils pourront toujours vous demander de l’aide; il ne sera jamais trop tard.
Si vous voyez, lisez ou entendez quoi que ce soit de sexuel envers votre enfant venant d’un internaute adulte, faites un signalement à Cyberaide.ca ou à la police.
- 1 Du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023. ↩
- 2 Du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. ↩
- 3 Du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019. ↩
- 4 Omegle a fixé cette nouvelle règle le 6 octobre 2022. Avant octobre 2022, Omegle indiquait en page d’accueil que l’accès au site était réservé aux personnes de 18 ans ou plus ou aux personnes de 13 ans ou plus avec surveillance parentale. ↩
- 5 Il s’agit généralement des plateformes de diffusion en continu où des gens se mettent en scène et où on risque de voir des individus en train de se livrer à des actes sexuels. ↩
- 6 La sextorsion consiste à forcer une jeune personne à envoyer des images à caractère sexuel ou à se livrer à des actes sexuels à la caméra. Par la suite, le sextorqueur va souvent faire chanter la jeune personne en la menaçant de diffuser ces images si elle refuse de lui en envoyer d’autres ou de lui verser une somme d’argent. ↩