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De nouvelles données démontrent l’incapacité flagrante des sociétés Internet à limiter la prolifération des images d’abus pédosexuels

L’analyse de 5,4 millions d’images d’abus pédosexuels révèle des tendances troublantes et souligne la nécessité d’une action gouvernementale, déclare le Centre canadien de protection de l’enfance


Pour publication immédiate

Winnipeg, Canada – Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) a dévoilé un rapport — le premier du genre — qui dresse un portrait inédit de l’accessibilité des images d’abus pédosexuels et du rôle des grands réseaux de sociétés Internet méconnues.

Les constats du rapport montrent que de nombreux fournisseurs de services électroniques (FSÉ) ne font pas suffisamment d’efforts (p. ex. modération humaine et utilisation de technologies largement accessibles de blocage d’images connues) pour interdire et limiter l’accessibilité des images d’abus pédosexuels sur leurs plateformes.

Intitulé Projet Arachnid : L’accessibilité des images d’abus pédosexuels sur Internet, le rapport met à profit les données recueillies par Projet Arachnid, la technologie de détection mise au point par le CCPE.

Durant les trois années de la période étudiée (2018–2020), Projet Arachnid a trouvé plus de 5,4 millions d’images d’abus pédosexuels et d’autres images préjudiciables ou violentes vérifiées. Ces données se rapportent à plus de 760 FSÉ dans le monde entier.

Les principaux constats du rapport sont les suivants :

  • Près de la moitié des images détectées (48 %) sont liées à un service d’hébergement de fichiers exploité par Free, un opérateur de télécommunications français coté en bourse. Projet Arachnid a envoyé des demandes de suppression pour plus de 18 000 fichiers d’archive contenant collectivement près de 1,1 million de photos et de vidéos vérifiées et catégorisées comme étant des images d’abus pédosexuels ou des images préjudiciables ou violentes. Projet Arachnid a relevé un peu partout sur le Web de multiples points d’accès à ces fichiers d’archive, portant à plus de 2,7 millions le nombre d’images détectées.
  • La grande majorité (97 %) des images d’abus pédosexuels détectées par Projet Arachnid étaient physiquement hébergées sur le Web visible. En revanche, le Web clandestin joue un rôle disproportionné en dirigeant les internautes vers des endroits du Web visible où se trouvent de telles images.
  • Les demandes de suppression sont confrontées à des délais excessifs. Dans 10 % cas, il a fallu plus de 42 jours avant que les images deviennent inaccessibles.
  • Près de la moitié (48 %) des images pour lesquelles Projet Arachnid a envoyé une demande de suppression avaient déjà été signalées au fournisseur de services. Certains FSÉ accusent un taux de récidive d’images supérieur à 80 %, indicateur que certaines images signalées réapparaissent constamment sur leurs serveurs.
  • Dans l’ensemble, les images d’adolescents plus âgés (à l’état post-pubère) mettent beaucoup plus de temps à être supprimées que les images de victimes plus jeunes (à l’état prépubère) et présentent des taux de récidive plus élevés.

Lianna McDonald est directrice générale du CCPE. « Les constats de notre rapport, observe-t-elle, viennent confirmer ce que les effectifs de la protection de l’enfance savent intuitivement depuis longtemps : on ne peut compter sur les sociétés Internet pour agir volontairement contre ces abus. Il est urgent d’assujettir ces sociétés — en particulier les fournisseurs qui acceptent des contenus générés par les utilisateurs — à des politiques et à des règles qui les obligeront à rendre des comptes. Les enfants et les survivant.e.s paient le prix de notre échec collectif à faire de leur protection une priorité et à encadrer l’Internet. »

Le rapport analyse les données recueillies sur plus de cinq millions d’images d’abus pédosexuels vérifiées. Or, il ne s’agit là que d’images découvertes par Projet Arachnid dans certaines parties du Web, de sorte que les chiffres présentés dans le rapport sont très en deçà du volume réel d’images d’abus pédosexuels sur Internet.

« Même s’ils ont eu presque 20 ans pour mettre leurs affaires en ordre, de trop nombreux FSÉ refusent de déployer des solutions technologiques concrètes et éprouvées pour protéger les plus vulnérables d’entre nous. Ils sont prompts à innover pour augmenter leurs profits, mais ils semblent apathiques lorsqu’il s’agit d’innover pour protéger les enfants », s’indigne Hany Farid, codéveloppeur de PhotoDNA et professeur à l’Université de Californie à Berkeley.

Le rapport Projet Arachnid : L’accessibilité des images d’abus pédosexuels sur Internet formule aussi une série de recommandations à l’intention des gouvernements soucieux d’instaurer une réglementation efficace dans l’espace numérique.

Les survivant.e.s d’abus pédosexuels avec prise d’images appellent à la mise en place rapide d’une réglementation gouvernementale et à la responsabilisation de l’industrie pour empêcher que d’autres enfants ne subissent les mêmes traumatismes.

« Avec Projet Arachnid, nous avons grand espoir que le partage d’images d’abus pédosexuels sera un jour chose du passé et que les prochaines générations de victimes et de survivants n’auront pas à subir le traumatisme que nous avons subi; il reste que ce rapport est inquiétant. Il y a des FSÉ qui mettent plus de 42 jours à supprimer les images; c’est autant de jours où ils permettent que des crimes soient commis contre des enfants et où ces enfants souffrent encore et encore des abus qu’ils continuent de subir. Les Phoenix 11 unissent à nouveau leurs voix pour appeler les gouvernements à responsabiliser les FSÉ et à faire en sorte qu’ils enlèvent rapidement les images d’abus pédosexuels de leurs plateformes dès le premier avis. »

Pour l’exposé détaillé des grands constats du rapport avec études de cas et recommandations, consulter la version intégrale du rapport à protegeonsnosenfants.ca/RapportPA